22 juillet 2016

Le musée et les instruments : des enfants attentifs et créatifs



Marie-Claude, attentive, veille sur les enfants, Soumia, Rydwane, Damien et Clément. La musique percussive des marteaux donne naissance à de nouveaux instruments faits de canettes, de capsules de bouteille et autres bouts de bois. Les percus s’agitent, secouées ou pas, créant des rythmes afro-cubains ou sud-américains. Leurs yeux brillent de satisfaction devant leurs créations et le regard attentif de papa et maman. Tout ce petit monde s’anime dans un écrin musical remarquable. Les murs et l’espace sont occupés par une décoration originale : instruments de musique du monde entier. Des guitares, des banjos, des violons, des percussions variées qui proviennent de tous les continents. On peut admirer, mais pas toucher l’ingoma du Rwanda, le bumbumbu du Kenya, le doumdoumba du Burkina-Faso, un passionnant jeu de quinze angkloungs de Java avec ses deux octaves. Le Musée des Automates, passage obligé pour le visiteur, s’accommode de la curiosité musicale incontournable dans Souillac, ville du jazz.
Jean-Louis Crassac
Photo Jean-Claude Elisas

20 juillet 2016

Un démarrage en fanfare



Premier concert de Souillac en Jazz et pas n'importe quelle fanfare ! Le Wonder Brass Band: six musiciennes, en tenue noires et blanches habillées, pleines de personnes et de fantaisie.  En ces jours de deuil national, le festival a choisi de confier au jazz, cette musique née de la résistance à la haine et à la brutalité, le soin de souffler l'air de la solidarité.
Cette année encore,  les bancs et chaises de l'église sont sortis écouter du jazz, complétant ainsi la salle de spectacle en plein air de la place.  La municipalité de Pinsac, et une poignée de Pinsagais, ont accompagné le festival de jazz pour construire, le temps d'une soirée, cet espace de partage musical devant la petite église.
Le Wonder Brass Band a su créer une belle entente avec le public, sans cesse sollicité et toujours réceptif, renvoyant des échos palpables du plaisir de l'écoute.  Réunir en fanfare une caisse claire,  une grosse caisse,  une trompette,  un saxophone, un trombone et un soubassophone pourrait sembler classique ; mais lorsque six musiciennes prennent à bras le corps leur musique et l'offre au public, leurs personnalités composent un ensemble et donnent une identité collective à un spectacle musical et visuel original.
Alors, on a pu entendre des arrangements wonderisés de grands standards auxquels se sont ajoutés des airs latino ou funky, certains purs jazz, créés par le groupe.  Les rythmes toniques de la fanfare et les mélodies pêchues ont offert des espaces à l'expression de chacune.  Un arc-en-ciel de couleurs émotionnelles s'est déployé au gré des solos.  Avec souvent une grande sensualité.  Des dialogues,  duos entre souffleuses et avec les "caissières",  ont dévoilé leur complicité interne.
"Et maintenant,  Mesdames et messieurs,  vous allez entendre une composition du Wonder Brass Band.  Pour toi, pour toi, et pour toi aussi..."  a déclaré à plusieurs reprises la soubassophoniste créant une forte intimité avec chaque spectateur et jouant sur le comique de répétition.  Avec peu de paroles, elles ont su créer le sourire et partager la joie de la musique.
Il est essentiel d'ajouter que la scène est devenue un lieu de composition graphique: les musiciennes l'ont habité, ont dessiné des figures par leurs déplacements,  jeux chorégraphiques qui valorisent la musique.  La scénographie,  travail d'équipe conçu avec la metteuse en scène Marie Puech, est précise et efficace, toute en finesse.
Humour, sensualité,  féminité,  surprise et joie sont sans doute les airs dominants de la soirée.  Et l'invitation à la danse, à laquelle le public a répondu unanimement, a terminé la soirée dans un bel élan collectif.
Merci les filles !
Marie-Françoise

19 juillet 2016

Les deux font la paire



Le concert du lundi 18 juillet dans les grottes de Lacave met de bonne humeur!!!
Ils sont joyeux, bourrés … d’humour et curieux de tout. Emerveillés par cette grotte magique. Et puis il y eut l’intro par un autre joyeux, un certain Robert Peyrillou, dit Bob, qui transforma la minute de silence dédiée aux victimes de l’horreur niçoise en applaudissements aussi émouvants. Et on peut sourire aux remerciements traditionnels adressés à monsieur le Maire… de Brive ! C’est ce que l’on nomme un acte manqué. ‘’ Prez ‘’ Bob a un morceau de cœur dans la cité corrézienne. On a vu, comme à l’accoutumé, le bon maire cette fois, celui de Souillac, ranger les chaises après ce merveilleux concert qui restera dans les annales. Mais qui étaient donc ces deux électrons libres de la musique ? Bon sang mais c’est bien sûr, Didier ITHURSARRY, grosse pointure de l’accordéon, fils spirituel d’un certain Marcel AZZOLA, qui chauffait un max avec l’intemporel Jacques… BREL. Et le surprenant Jean-Luc FILLON, l’oboman, ou  pour ceux qui ne pratiquent pas l’anglais, joueur de hautbois que l’on a plus l’habitude de voir et d’entendre dans les symphoniques. Et en prime FILLON possède des talents de comédien qui lui facilitent la captation du public…
Jean-Louis Crassac

03 juillet 2016

Le Wonder Brass Band en concert d'ouverture



Le Wonder Brass Band, formation toulousaine composée de six musiciennes, en concert d’ouverture du 41e festival de jazz de Souillac, le 17 juillet à 21h15, place de l’église à Pinsac.

Eline Groulier, trombone - Sarah Mange, saxophone soprano - Caroline Decours, soubassophone - Anaïs Andret-Cartini, trompette - Elodie Longuemart, caisse claire - Wilma Ambrosio, grosse caisse

Entretien avec Caroline Decours, tubiste, au soubassophone dans le Wonder Brass Band.

Marie-Françoise Govin : Vous jouez du soubassophone, ce qui n’est pas très fréquent.
Caroline Decours : Oui, enfant, j’ai appris la flûte et quand j’ai découvert le tuba, je suis tombée amoureuse de cet instrument. Et j’ai fait des études de tuba classique. Avec le Wonder Brass Band, j’ai choisi le soubassophone parce que c’est plus évident pour les concerts de rue. J’aime ce rôle de bassiste. Ces sons graves bien ancrés, j’adore…
C’est un instrument un peu ingrat, je l’appelle l’anarchiste. C’est difficile de centrer les sons, il faut vraiment être très précis, ça roule, ce n’est pas toujours très juste. Un instrument difficile à dompter que je suis d’autant plus contente de défendre à ma mesure,

MFG : Pouvez-vous nous parler de l’histoire du Wonder Brass Band ?
CD : Il est né d’une amitié au conservatoire : nous somme trois musiciennes à avoir fait nos études au conservatoire de Toulouse. À cette époque, nous voyions nos copains masculins partir jouer les week-ends et nous, nous restions sur les bancs du conservatoire. Toutes les trois, nous jouions d’instruments en cuivre, plutôt masculins et nous avions beaucoup de mal à nous intégrer dans des projets, toujours mixtes. Nous nous sommes demandées : Pourquoi est-ce qu’on ne monterait pas un groupe ? Nous étions trois et nous avons demandé des arrangements à nos amis. Au début, nous n’écrivions pas nos arrangements et des copains nous ont aidées pour monter ce groupe. Par la suite, nous avons passé des annonces, pour savoir si d’autres musiciennes voulaient participer à ce projet. À ce moment-là, nous nous sommes dit : pourquoi pas seulement des filles ? Nous avons rencontré des musiciennes d’horizons très très très différents. Nous savions quelle formation nous voulions : des cuivres et des percussions. Et l’aventure a commencé comme ça en 2001.

MFG : Comment êtes-vous passée du classique au jazz ?
CD : Beaucoup de nos amis étaient dans des classes de cuivre et ils étaient très influencés par le jazz et les musiques du monde. Nous allions les écouter et naturellement nous avons été attirées par ces musiques-là, plus que par la musique classique même si, par formation, nous avions travaillé les techniques à travers la musique classique. Nous trouvions notre place dans cette émulsion-là, dans cette ouverture culturelle et musicale à d’autres horizons.

MFG : Vous ne venez pas toutes les six de la musique classique ?
CD : Non parce que le Wonder Brass Band est né d’une rencontre, il présente beaucoup de diversités. Anaïs, la trompettiste, - son père tenait le Mandala-, nous apporte beaucoup de disques et on écoute beaucoup de musique du monde et du jazz évidemment. Quand elle propose des arrangements ou des morceaux, elle amène sa patte. Éline, la tromboniste, elle est passionnée par le funk et la musique latine. La percussionniste pratique aussi beaucoup la musique latine. Élodie, la batteuse, est plus « métal ». Sarah, la saxophoniste, est férue de jazz ; c’est une mine en connaissances de jazz. Dans le camion, quand nous partons jouer, chacune amène ses influences. Ça se retrouve aussi dans nos compositions. 

MFG : Pourquoi un brass band ? À cause des instruments ?
CD : Oui. Parce qu’avec nos instruments, anches, cuivres et percussions, on a tout de suite voulu ce type de formation.

MFG : Vous vous rattachez à une culture traditionnelle du brass band ?
CD : Non, nous ne nous n’utilisons pas le répertoire des brass bands anglo-saxons traditionnels. C’est très particulier le brass band anglo-saxon. Le Wonder est beaucoup plus proche de la musique festive, celle de la rue. On aime la proximité avec les gens, on aime l’esprit du brass band new orleans. On peut dire que le Wonder est proche des brass bands américains qui déambulent dans les rues.

MFG : Vos costumes et votre jeu de scène ont évolué ces deux dernières années. Quels sont la place et le rôle des costumes?
CD : Nous avons chacune une façon différente d’appréhender notre corps et les costumes ont été le sujet de nombreuses discussions. Nous sommes très différentes toutes les six. Après plusieurs expériences d’uniformité, nous avons décidé d’affirmer chacune notre personnalité à travers les costumes.
En 2012 nous avons fait appel à une costumière de Toulouse, qui travaille par ailleurs je crois avec l’orchestre du Capitole. Elle a su recueillir nos différentes personnalités et nous a proposé des croquis. On se retrouvait bien chacune.
Ensuite, nous avons voulu changer. Après une expérience infructueuse, nous avons choisi un code couleurs –le noir et le blanc- et nous trouvons nous-mêmes nos propres tenues. Désormais nous voulons quelque chose de plus classique et même plus classe, justement parce qu’on est dans la rue. Nous n’avons pas envie de mettre de la distance mais de dégager quelque chose de plus classe. Depuis que nous avons choisi ces couleurs, le noir et le blanc, qui ne sont pas forcément très avenantes, nous remarquons qu’on en voit de plus en plus dans la rue. Au début, nous voulions créer un décalage parce que nous trouvions que trop de couleurs n’aidaient pas forcément notre musique. Nous voulions aussi que ce soit plus féminin. Mais l’image c’est très compliqué à travailler

MFG : Votre spectacle est mis en scène. Comment ? pourquoi ?
CD : La scénographie est née de notre envie de communiquer avec le public, de jouer avec les spectateurs. Petit à petit nous sommes devenues plus exigeantes, surtout pour améliorer la communication avec le public. Nous trouvions qu’un peu de mise en scène manquait et que c’était très brouillon. Nous avons fait appel à Marie Puech, qui est chorégraphe. Elle a l’habitude de mettre en espace des spectacles. Elle est venue nous voir plusieurs fois et nous a proposé un travail qui a duré trois ans. C’était exigeant et ça nous demandait quelque chose qu’on n’avait pas l’habitude de faire : bouger, se déplacer, parler avec les gens. Nous avons fait un gros travail fait sur nous-mêmes et aussi collectivement : utiliser les forces et les faiblesses des unes et des autres pour arriver à quelque chose d’assez cohérent.

MFG : Est-ce que tout est calé ou y a-t-il des moments d’improvisation scénique ?
CD : Au niveau des morceaux, la scénographie est construite autour de blocs : chacune sait ce qu’elle va faire, connaît les enchaînements (on sait qu’il y a des pas à droite, à gauche…). Mais nous essayons de nous adapter à l’endroit, le plus souvent la rue, de l’apprivoiser. Parfois, on est touchées par des gens, alors nous entourons la personne pour jouer. Ou bien, dans un cadre qui nous inspire, on va prendre des positionnements différents mais on reste dans la scénographie. Par exemple, on sait que pendant les chorus de Sarah nous ne devrons pas la lâcher ; quoiqu’elle fasse on la suivra.

MFG : Vous allez jouer à Pinsac sur une scène et pas dans la rue.
CD : On a aussi travaillé la scène, et si ce n’est pas notre lieu habituel, on aime beaucoup beaucoup ça. La rue nous correspond plus sans doute parce qu’on en a plus l’habitude et la proximité avec les gens nous plaît. La scène, c’est différent.

MFG : La scène à Pinsac est installée devant l’église et permet la proximité : il y a les villageois, les estivants qui viennent des campings et des locations et aussi des festivaliers de Souillac en jazz. C’est très familial et bon enfant. Le public est assis mais dans une très grande proximité avec la scène.
CD : La scénographie est différente selon que nous jouons sur la scène ou dans  la rue mais ce qui change le plus c’est la sonorisation. Quand c’est en acoustique, sans sono, ça nous va très bien ; on aime cette ambiance, elle nous met à l’aise et nous permet de voir les gens et de pouvoir être avec eux parce que la musique c’est avant tout un partage.

MFG : Vous faites le concert d’ouverture du festival et nous aimons bien que le festival commence par un concert gratuit avec un public très varié et une grande proximité. Maintenant que vous nous avez expliqué tout ce qui est autour de la musique, il est temps de vous demander : quelle est votre musique ?
CD : Au début des amis, très gentils, nous arrangeaient des morceaux et nous ne choisissions pas trop le répertoire. Nous prenions des morceaux de groupes qui nous plaisaient. Pourtant, au fur et à mesure, nous avons souhaité que notre musique nous ressemble. À partir de ce moment-là, nous avons refait nous-mêmes nos arrangements, avec nos diverses influences et goûts esthétiques. Et maintenant nous composons. Les compositions, en fonction de celle qui va composer le morceau, va sonner plus latin, plus funk, plus jazz, plus musique du monde. Élodie, qui est passionnée de « métal », nous a amené un morceau bien dynamique. Ainsi, nous essayons de donner à ce groupe à la fois une diversité et une identité qui nous appartienne à toutes et dans laquelle chacune met sa personnalité.
Souvent on amène sur un papier une composition et nous réarrangeons collectivement. Nous discutons beaucoup et nous construisons l’arrangement en combinant la musique et la personnalité de chacune. Dans le spectacle, il y a donc des compositions et des arrangements que nous avons réadaptés.
Nos arrangements s’appuient sur de la musique festive même si ce mot est un peu trop vague : quelques standards de jazz comme Watermelon Man, de la musique new orleans aussi, celle des Mardi Gras Brass Bands (sous l’influence du River brass band par exemple) ou des morceaux plus pop ou plus disco. Nous mélangeons des musiques qui parlent aux gens et des compositions du Wonder.

MFG : Il ya de plus en plus de compositions ?
CD : Oui, et c’est un risque parce que les compositions peuvent éveiller la curiosité mais aussi dérouter mais nous voulons que notre musique nous ressemble.

MFG : Vous jouez dans d’autres festivals ?
CD : Oui et nous remarquons que, depuis que nous jouons nos compositions, nos prestations ont été choisies essentiellement par des festivals, et souvent de jazz.
MFG : Et sinon ?
CD : Des festivals polyvalents comme « 31 Notes d’été » et autour de la femme aussi. Nous avons joué aussi au festival « DARC au pays » à Châteauroux, qui est un festival de danse.
Merci de votre gentillesse et de votre enthousiasme. Nous sommes impatients de vous écouter à Pinsac, le dimanche 17 juillet.