23 septembre 2015

Le jazz dans le viseur



Je me souviens des nacrées soirées de 1990 à Tulle, c’était la 3e édition, Richard Galliano alors directeur artistique s’y produisait le 21 septembre avec Sylvain Beuf, Yves Torchinsky et Thierry Arpino. En 91, toujours du jazz, Gianni Coscia l’italien, Yosuhiro Kobayashi le japonais puis en 92 je découvre Daniel Mille, lui consacre un article dans Jazz Hot et Richard invite Michel Portal. Le 16 septembre 1993, Marcel Azzola et deux jours après la découverte d’Antonello Salis … le jazz et l’accordéon. Depuis, bien d’autres accordéonistes de jazz se sont produits aux Nuits de nacre.
L’accordéon est bien un instrument du jazz, se souvient-on de Joe « Cornell » Smelser, cet accordéoniste hongrois embauché par Duke Ellington en 1930 pour jouer Accordéon Joe sur un disque noir dégoté aux puces de Bordeaux place des Quinconces au début des années 70.
A Souillac, Richard s’est produit à plusieurs reprises et a même animé un stage en 1985, Michel Macias, Christian Toucas, Grégory Daltin, l’américain Peter Soave vu avec James Carter et Vincent Peirani n’ont pas fait que brasser de l’air avec leur soufflet, ils ont égayé les nuits de Souillac avec leurs boutons de nacre.  
Vendredi 18 septembre dernier, le quai devant le théâtre est bondé de monde, on attend François Hollande qui vient écouter David Venitucci, je pousse un peu plus loin vers le Musée du Cloître de Tulle, j’ai rendez-vous avec la musicologue Anne Legrand, elle a bâti l’exposition Gus Viseur 1915-1974. Karine Lhomme attachée de conservation nous attend. Avec nous pour cette visite guidée Josette Baselli, fille de Gus Viseur et Pascal Baselli, petit-fils du premier accordéoniste de jazz dont on célèbre le centenaire de la naissance. C’est magique et découvrir ces documents commentés par la fille de cette figure emblématique des années 30-40 me fait swinguer de plaisir.


L’exposition est à voir jusqu’au 31 octobre 2015. Les photos de l’exposition sont en partie dans Accordéon & accordéonistes de septembre avec le maître en couverture.
Après le privilège de dîner avec « la famille » et Anne : un concert hommage, il y a là Dominique Cravic, un primitif du futur avec Mathilde Febrer au violon, Jean-Philiipe Viret à la contrebasse et Daniel Colin à la boîte à frissons. Le spectacle est intitulé Gus vs Tony … Murena bien sûr. Toutes les compositions phares nous éclairent de Swing valse à la fameuse Flambée montalbanaise qui fait débat après le concert sur l’origine de cette flambée. En cours de concert Christophe Lampidecchia, qui vient de signer un album hommage à Tatave avec Christian Escoudé, Diego Imbert et Minino Garay et Pascal Baselli à la batterie se joignent au quartet. On est passé de Swing 39 à Swing 2015 !
Il fallait une bonne nuit pour retrouver la famille Viseur / Baselli, Anne Legrand, Richard Galliano et Marcel Loeffler pour une table-ronde sur l’esthétique des années 30/40 devant un public attentif et intéressé parmi lequel Claude Cavagnolo. Marcel nous a confié qu’il avait appelé Mandino Reinhardt la veille en lui racontant qu’il avait joué à l’exposition sur l’accordéon de Gus Viseur de chez Maugein et que le guitariste de jazz manouche, ému, pleurait au téléphone. Il fut aussi question de la formation des jeunes, tant en allant au concert qu’avec la création de classes dédiées en école de musique ou conservatoire.
Belle édition concoctée par Sébastien Farge, directeur artistique vu aussi à Souillac avec nos amis de l’orgue de l’église Sainte-Marie de Souillac en 2010.
Robert Peyrillou

15 septembre 2015

Le Toucas Trio Vasco en concert le samedi 19 septembre

Interview d'Annie Durand pour La Vie Quercynoise

Le samedi 19 septembre, à 20 h 30, le Toucas Trio Vasco donnera un concert dans le cadre du cloître de l’abbaye de Souillac . Sans doute la qualité de sa prestation musicale ensoleillera-t-elle la 32e édition des Journées du Patrimoine. Non seulement parce que le trio, clin d’œil au grand navigateur portugais Vasco de Gama, a pour coutume de faire partager au public ses enthousiasmes mais aussi parce qu’il doit son existence et son nom à un enfant du pays, Christian Toucas, devenu l’accordéoniste Toucas que Galliano n’hésite pas à qualifier de virtuose.

 L’accordéoniste Toucas va conquérir en trio le public de Souillac. © Manu Picado.
photo Manu Picado

Comment avez-vous découvert l’accordéon ?

Grâce à mon grand-père maternel. Accordéoniste amateur, il jouait à l’insu de ma grand-mère pour me faire découvrir l’instrument et l’univers musical traditionnel ibérique qui me fascine toujours autant aujourd’hui. Grâce aussi à une maman très mélomane.

Comment est-il devenu votre instrument de prédilection ?

Enfant, j’ai suivi des cours d’accordéon. Adolescent, j’ai trouvé l’instrument ringard et je me suis mis au saxophone. J’ai même gagné des prix mais très vite, je me suis ennuyé. L’accordéon offre tant de possibilités. C’est un saxophone polyphonique, un instrument de percussion, une boîte magique. C’est un instrument complet avec lequel je parviens à exprimer ce que je veux !

Revenons sur votre parcours…

Mon parcours est marqué par la diversité. Artiste de la scène, je fais des tournées internationales avec mes formations personnelles, avec le chanteur italien Angelo Branduardi (rock médiéval), avec Gilbert Laffaille (chanson française). Récemment, j’étais aux États-Unis avec le groupe Yankele, à Constantine et en Arabie Saoudite avec Mamia Chérif et Karim Ziad (batteur de Joe Zawinul). J’accompagne des chanteurs tels que Charles Dumont, Francis Lemarque… Prenant ma plume d’arrangeur, j’ai travaillé avec Lény Escudero… Grâce à mon travail auprès d’éditeurs/producteurs et de l’Universal Music Publisching, 1ère librairie musicale de France, mes compositions sont régulièrement sélectionnées pour l’illustration musicale : émissions de télévision, spots publicitaires (Yves Saint Laurent, SNCF Thalys, IBM…). J’ai signé la musique de film « Dernier voyage improvisé » de Julien Guiol, interprété celle de Vladimir Cosma pour le film « Albert est méchant « d’Hervé Palud et de « Donnant, donnant » d’Isabelle Mergaud. Une parenthèse sur mes albums de compositions : « Erranza » (Harmonia Mundi), avec le guitariste manoucheRomane, « Sceaux What Live » (Toucas Quartet), « Accordion Project » (Encore Merci), « Accordéons d’hier et d’ailleurs » (Koka média), « Golden Mélodies » avec André Céccarelli et Michel Herblin, « Fogo De Caravela » (Toucas Trio Vasco), « Paris mon amour » (Toucas)…

Le Toucas Trio Vasco n’est pas vraiment un hasard, n’est-ce pas ?

C’est un choix de musique qui s’explique par la nationalité de chacun des protagonistes : Thierry Vaillot, guitariste franco-espagnol, Amrat Hussain, tabliste d’origine indienne et moi-même, accordéoniste d’origine portugaise. Un métissage des genres qui a permis la création d’un répertoire original et envoûtant. J’ai décidé de nommer mon trio comme ce navigateur connu pour avoir découvert les Indes. Un vrai choix du cœur qui exprime parfaitement l’idée de retracer le parcours des cultures et des couleurs du monde entier.
Ces musiciens n’ont rien de traditionnel. Ce sont de véritables « âmes de son » et des improvisateurs de « jazz » qui expriment en harmonie leurs différences culturelles. Aux nuances afro-ibériques, indiennes, sud-américaines s’ajoutent les échanges vocaux et les percussions, ce qui forme un mélange auditif rythmique, mélodique et magique. Je pratique également le bol (des sons ou onomatopées par la bouche). Chacun de ces artistes est imprégné d’une culture qui lui est propre. C’est cette diversité qui donne l’harmonie et l’explosion des sons du Toucas Trio Vasco.

Après l’Olympia, Berlin, d’autres scènes nationales et internationales, jouer à Souillac, berceau de votre enfance, vous procure-t-il toujours autant d’émotion ?

Bien entendu que oui ! C’est une grande joie et un bonheur de jouer dans ma ville pour les Souillagais et leur faire découvrir mon univers musical. J’ai l’habitude de jouer dans des circonstances et des lieux très différents. Du bar au festival en passant par les salles de concert, les théâtres, en solo, en duo, en trio ou autre, l’important, c’est de jouer et de faire plaisir au public. C’est cela la magie du concert !

Quel concert promettez-vous au public ?

Je crois que les dernières mélodies que j’ai composées vont plaire. J’interviens de plus en plus avec la voix et je chante. Certaines mélodies n’attendent plus que des paroles. C’est pour bientôt ! Le public de Souillac va voyager. C’est certain.

Avez-vous des projets ?

Les projets ne manquent pas. Il faut du temps et de l’argent pour les concrétiser. J’ai un projet Electro qui est en train de voir le jour, un concert solo « Magellan » qui dort dans les placards et aussi un travail autour de la musique des îles océaniennes qui va se mettre en place. D’ailleurs pour bien finir l’année 2015, après notre concert à Souillac, je pars faire une tournée dans le Pacifique pendant deux mois.
Annie Durand