21 mars 2013

Le plaisir de l'improvisation collective

Hier soir, à l’initiative de Frédéric Cavallin (doit-on encore le présenter?), une formation inédite a réuni, outre le batteur de Pulcinella, le mandoliniste Patrick Vaillant (fondateur du Front de Libération de la Mandoline!), le vielliste Dominique Regef et le chanteur Eric Lareine, pour une séance de musique improvisée.
On aurait pu envisager avec appréhension cette formule. Mais ce serait méconnaitre l’imagination fertile et le plaisir évident dont ces quatre musiciens sont capables. Ce serait également méconnaître le principe de l’improvisation collective et concevoir avec une crainte désuète la liberté qu’elle procure.
Car c’est une musique en construction que ces quatre musiciens ont partagé "Porte de la Fontaine" dans la cave de cette pizzeria hors du commun sise place Belfort à Toulouse. Sa caractéristique la plus évidente est qu’elle est sans répertoire. D’ailleurs, hier soir, il n’y a pas eu de rupture entre la balance et le concert. Avec une espèce de magie spontanée, les musiciens se sont pris au jeu et, tandis que l’on réglait le son, ils trouvaient un juste équilibre entre mélodies et tensions et ne s’arrêtaient qu’à la fin du premier set. «Vous avez assisté à une balance» nous dit, avec malice et en guise de clin d’œil, Dominique Regef quand tous s’accordèrent pour un break. Soit, mais une balance qui a cheminé entre moments de puissance et phases plus délicates, l’intervention d’Eric Lareine (siouplet!), déclamant très librement Rimbaud, terminant de donner une touche poétique à ce concert.
Et puis, il faut insister sur ce lieu, une pizzeria sans cachet apparent (sinon les affiches militantes sur la vitrine) dans un quartier qui n’en semble pas un. Mais, au-delà des apparences, c’est surtout et avant tout, un lieu alternatif, généreux, culturellement et humainement fort riche dont il faut pousser la porte. Derrière ses murs, se trouvent des secrets fort agréables et prêts à être partagés.
Gilles

Porte de la Fontaine s/s de la Pizzéria Belfort, (pl.Belfort) 2, rue Bertrand de Born 31000 Toulouse

05 mars 2013

Nu Jazz with a Rocky Touch: Paul Jarret quintet

A l’occasion des démarches que nous faisons auprès des musiciens (et inversement), on tombe régulièrement sur des groupes qui emportent notre enthousiasme. PJ5, un acronyme pour Paul Jarret quintet, fait partie de ces groupes qu’on écoute non plus seulement pour avoir un avis sur une éventuelle participation au festival mais, prioritairement, pour le plaisir. C’est en tout cas la situation dans laquelle je me suis trouvé lorsque j’ai découvert leurs quatre titres, annonciateurs d’un prochain enregistrement. Parmi ces quatre titres, il y a trois compositions, signées Paul Jarret, très denses, puissantes (et longues) qui permettent au quintet de prendre beaucoup de volume. Mais, si la musique que le groupe a mise en ligne est très belle et originale, elle acquiert toute sa puissance sur scène. En l’occurrence au Show Case à Pau, le PJ5 a envoyé deux sets énergiques et mélodieux qui ont fortement impressionné le public. Le volume sonore dans la salle, pourtant favorisé par le bar resté ouvert toute la soirée, a naturellement décliné pour pouvoir apprécier une musique qui a surpris tout le monde. Difficile d’en dire plus sinon de visiter leur site et de guetter les dates de leurs prochaines prestations avant, bien entendu d’acquérir, dès qu’il sortira, leur premier album.

Paul Jarret (guitare), Léo Pellet (trombone), Alexandre Perrot (contrebasse), Maxence Ravelomanantsoa (saxophone), Ariel Tessier (batterie)


Gilles
Fabien Maigrat (photo)