30 juin 2011

Vous pensez que mes rythmes me sortiront d’ici ?

C’est Sim Copans, qui la première fois, m’a parlé d’Alan Lomax. Il avait écrit la préface de « Mister Jelly Roll » dans son édition française parue en 64 chez Flammarion. Alan et Sim étaient contemporains, ils furent tous les deux proches de la gauche, ce qui explique aussi la venue de Lomax en Europe à l’époque de la « chasse aux sorcières » maccarthiste. Avant la guerre, ils intégrèrent tous deux l’Office of War Information et animèrent des émissions pour soutenir le moral des troupes.

« Lomax » de Frantz Duchazeau qui nous avait déjà offert « Le rêve de Météor Slim » (voir blog du 13 août 2008) est un bijou en noir et blanc. « Vous avez pris de gros risques de chanter devant ce blanc, Jack Moss » dit John le père d’Alan à ce jeune noir.

Les Lomax ont sillonné le sud des Etats-Unis dans les années 30 pour enregistrer les chansons populaires, dans les champs, les bars, les églises, les prisons … Avec ce collectage, ils donnaient la parole aux « sans voix » dont les chants, blues, negro-spirituals, dont les « Chansons de revendication » (voir les 2 tomes de Sim Copans parus en 64 aux éditions Lettres modernes) constituent le terreau de la musique américaine d’aujourd’hui. Les « Alan Lomax Archives » sont versées depuis 2004 à l’American Folklife Center de la Bibliothèque du Congrès.

Même si la lecture de la BD parue chez Dargaud, suggère en vous ces chants, ne vous privez pas d’écouter les CD issus de la collection Lomax.

Robert Peyrillou

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27 juin 2011

Il jouait « Besame Mucho » comme personne ne l’a jamais joué.


Il y a 20 ans, c’était le 20 juillet 1991, nous nous promenions avec Barney Wilen un lendemain de concert à Souillac avec Jimmy Gourley. Nous étions passés devant La Poste, il m’avait adressé un « Courrier recommandé avec accusé de réception pour Robert Peyrillou de la part du facteur Barney » et terminait sa dédicace par « Que bella giornata ! Yo ! »
Barney, c’était toujours de belles journées, été comme hiver, comme le 19 février 1989 où nous dégustions en terrasse, face à la Cathédrale d’Albi, il y avait Marie avec lui, la veille, c’était Alain Jean-Marie, Riccardo Del Fra, Sangoma Everett, avec eux-aussi, c’est la belle journée assurée ! J’avais fait 200 kms pour venir le voir, tout ce qu’il a su me dire « C’est de la folie douce, vivent les fous du jazz ! »
Barney, aristocrate du jazz, c’était plus que la musique, c’était « Ascenseur pour l’échafaud », c’était « Barney et la note bleue », c’était « Le grand cirque », c’était aussi les standards du patrimoine français. Standard, il trouvait ce mot péjoratif « mot du commerce, galvaudé par les marchands de soupe ». Néanmoins, quelles belles notes bleues, quali belle note blu, « Sous le ciel de Paris », « Les feuilles mortes », « J’ai le cafard », « L’âme des poètes ».
Poète, il l’était et Yves Buin dans « Barney Wilen, Blue Melody » qui vient de paraître chez Castor music, nous amène dans l’imaginaire de saxophoniste. Au travers de ses enregistrements, l’auteur trace un portrait que seuls Loustal et Paringaux en 1987 avaient su le faire en BD. Buin rappelle un entretien avec Philippe Carles en 72 où Barney parlait de l’utilisation de bandes magnétiques mêlées à sa musique … mais il rappelait aussi qu’en Afrique, « les instruments dans lesquels on souffle sont la voix de Dieu ».
Comme tu as gentiment dit « Besame Mucho », je t’embrasse beaucoup.
Robert Peyrillou

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Jazz in Cheverny, ce week-end!

Ils sont à quelques jours de leur quatrième édition et je les imagine affairés aux milliards de tâches qui les attendent et qui sauront garantir un très beau festival. Eux, ce sont les bénévoles de l'équipe du festival de Cheverny et, à quelques jours des premiers concerts, je les imagine très volontiers le nez dans le guidon, portés par l'enthousiasme nécessaire à la réussite de ce très beau projet. J'imagine également une organisation proche de la nôtre et des bénévoles, dévoués à ce festival, à cette ville et à cette musique. J'aurais très certainement l'occasion de les féliciter puisque j'y serai à partir de jeudi soir.
Mais, déjà et en amont, il faut souligner une très belle programmation: Avishai Cohen, à propos duquel nous avons ces derniers temps pas mal publié (puisqu'il sera également à Souillac) mais également Sixun, un presque All Stars (avec Louis Winsberg, Paco Sery, Michel Alibo, Stéphane Edouard, Alain Deboissat et Jean-Pierre Como), ainsi que le duo composé de la chanteuse Youn Sun Nah et du guitariste Ulf Wakenius. Bref, trois têtes d'affiche qui constituent un label de qualité pour ce festival ami.
Et puis, il y a les formations moins connues comme le trio autour du vibraphoniste Benoît Lavollée (je ne sais pas si j'arriverai à temps!), le trio Elbasan (avec une des figures souillagaises: Christian Toucas), la violoniste Fiona Monbet et Wouter Hamel, un chanteur dont Jazz in Cheverny nous dit grand bien. Lorsqu'on voit la qualité de leur programmation, on ne peut que leur faire confiance. Enfin, le cadre semble très beau, devant le château de Cheverny, à quelques kilomètres de Chambord, et devrait être baigné d'un soleil prometteur.
Bravo donc et bon courage à cette équipe que je ne connais pas encore mais qu'il me tarde de rencontrer.
Pour tout voir et tout savoir de ce festival, c'est ici (et en un seul clic).
Gilles

25 juin 2011

newsletter n°13: à lire sans appréhension

Toute chaude sortie, la numéro 13, Brrrrr!!!! sur ce clic.

23 juin 2011

What a wonderful BD


"une batterie légère, précise, volubile ... une bonne grosse contrebasse qui ronronne...une guitare pleine caisse aux aigus soyeux et aux basses profondes ... et quelques vieux standards ! ... c'est l'une des formules magiques du swing, de celles qui vous mettent des fourmis dans les jambes et vous arrachent des battements de semelle." La BD de Philippe Charlot et Alexis Chabert aux éditions Grand Angle nous amène sur Bourbon street à la découverte des fantômes de Cornélius, trompettiste disparu il y a cinquante ans ... mais certains prétendent que parfois, on entend son jazz monter des eaux du Mississippi. What a wonderful world ! aurait dit Satchmo.
Robert Peyrillou

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20 juin 2011

La foule était debout

Jeudi 19 juin, Rio Loco frémissait sous les nuages, dans la crainte des averses qui avaient, l’année dernière, détrempé la Prairie des Filtres. En fin de journée, dans la belle lumière du soleil déclinant, les imposantes têtes de papier de Sebastian de Neymet accueillent le voyageur dans le pays de Rio Loco; sur la scène Village, dont le fond de scène qui borde la Garonne laisse voir en transparence le pont Saint-Michel, des musiciens se disposent pour la balance. Sur la scène Pont Neuf se déployait la grande machine de la formation de Georges Clinton qui allait attirer comme un aimant un public enthousiaste. Après ce tumultueux et tonique concert, nous avons rejoint la scène Village pour écouter le répertoire mexicain de Stabat Akish. La formation avait bien grossi: aux six musiciens qui constituent initialement le groupe s’étaient ajoutés le trompettiste Nicolas Gardel, le flûtiste Chrisophe «Robi» Rohrbacher, le guitariste Laurent Fournier, le tromboniste Olivier Sabatier et neuf musiciens du Conservatoire. Un grand orchestre! Une section de cordes (5 musiciens), une section de cuivres et anches (10 musiciens), un vibraphone, un fender rhodes, une guitare et une batterie, ça déménage! Les deux flûtes, qui régulièrement énonceront les mélodies mexicaines, ouvrent un concert plein de surprises où des airs archiconnus prendront des accents jazz extrêmement audacieux. Mais il nous faut tendre l’oreille, il faut dire que le public est bruyant et quelque peu agité en cette fin de soirée, quand les cordes chantent de tendres mélodies. Maxime Delporte a élaboré, dans cette Suite mexicaine, une savante construction qui donne à chaque instrumentiste un espace pour «se lâcher», donner sa perception musicale du Mexique. Evoquant les grandes figures du jazz qui ont été inspirées par la musique mexicaine, le concert embarque dans un voyage complexe, bien plus que géographique et traditionnel. Le fender roule, la guitare rocke, Chrisophe «Robi» Rohrbacher chante, la trompette brille, les sax se déchaînent. Les musiciens du conservatoire affirment leurs répertoires, le vibraphoniste compose une magnifique chorégraphie. On aurait pu craindre une juxtaposition de standards ou un partage d’accompagnements ; elle a trop d’humour, de métier et de goût pour l’improvisation, cette bande de jeunes musiciens ! Le public a joué, chanté, dansé, crié ; à Rio Loco, la musique a un ton de folie.

Stabat Akish: Marc Maffiolo - saxs basse & ténor, Ferdinand Doumerc - saxs baryton, ténor, alto, sopranino, flûte, Guillaume Amiel - marimba basse, vibraphone, percussions, Rémi Leclerc - fender rhodes, moog, Stéphane Gratteau - batterie, percussions, Maxime Delporte - contrebasse Invités : Chrisophe « Robi » Rohrbacher - flûtes, Nicolas Gardel - trompette, Laurent Fournier - guitares, Olivier Sabatier – trombone

Musiciens du Conservatoire: cuivres: Cécile Vidal & William Laudinat - trompettes, Alexandre Galinié & Andy Lévêque - sax, Alexandre Bon - trombone, cordes: Anne- Lise Binard - alto, Pierre Chalain Ferret & Clément Libes - violons, Elsa Guiet – violoncelle
Marie-Françoise

Ah non! Pas encore du jazz!!!

Bob était l'invité jeudi dernier de l'émission "Ah non pas encore du jazz" sur Bram'FM pour une heure consacrée à l'édition 2011 de Souillac en Jazz. Tout ou presque (il manque les dix premières minutes) est en ligne. Il y a Bob mais aussi, et surtout, de la musique. D'ailleurs, ça commence avec le groupe de gospel Vocal Colors et ça se clôt avec le projet "Saiyuki" que NGuyên Lê a joué sur la scène souillagaise l'an dernier. Entre temps, on aura entendu Francesco Bearzatti, Ibrahim Maalouf et Avishai Cohen, ceux-là mêmes qui se produiront cette année dans le plus beau festival de tous les temps.
Techniquement, c'est tout simple, une pression avec la souris sur le lecteur ci-dessous et hop, vous saurez tout sur Souillac en Jazz collection 2011.

19 juin 2011

De quoi se lever du bon pied...

Entre le thé et les tartines de ce dimanche matin ensoleillé, figure Le Monde 2 et son supplément "festivals". Et voici qu'on découvre, dans la partie Midi-Pyrénées, une photo d'Avishai Cohen ainsi qu'un texte consacré à "notre" festival. Nous n'en sommes pas peu fiers car la sélection du Monde ne retient que trois festivals jazz dans la région (l'incontournable Marciac... Enfin, l'autre incontournable, même si ce n'est pas pour les mêmes raisons, et Luz qu'on ne souhaitait pas passer sous silence).
Merci à l'équipe du Monde qui nous sélectionne depuis maintenant un paquet d'années. C'est un retour particulièrement gratifiant pour nos partenaires et nous.
L'équipe du festival

18 juin 2011

Second Quiet Night


A quelques jours de la sortie du prochain album, What's It All About, de Pat Metheny, l'équipe d'Open Jazz a consacré une émission au guitariste américain. Ce n'est pas la première fois que ce dernier enregistre en solo et, si on fait abstraction d'Orchestrion (pour lequel Alex Duthil, entre autres, parle à juste titre d'homme orchestre), ce n'est pas moins de quatre albums solo que Metheny avait déjà livrés (One Quiet Night en 2003, Passaggio per il paradiso en 1996, Zero Tolerance for Silence en 1994 et New Chautauqua en 1979). C'est précisément cette idée de silence que je retiens. Sûrement que l'interprétation qu'il donne dans What's It All About, de "The Sound of Silence" n'y est pas étrangère et je me plais à penser que jamais ce morceau n'a aussi bien porté son nom que sous les doigts magiques du guitariste américain. L'univers guitaristique est, entre autres, connu pour ses figures héroïques. Mais, si le jazz n'échappe pas aux guitar heroes (qui n'est pas resté bouche bée à l'écoute de "Mediterranean Sundance"?), c'est, au contraire, avec beaucoup de délicatesse que Metheny nous invite à écouter le silence. Sa contribution à Moonstone de Toninho Horta en 1989 est déjà dans cette veine ainsi que, par exemple, "Daybreak" ou encore "Hermitage" sur New Chautauqua. Quant aux deux autres albums cités, Passagio per il paradisio est une musique de film réalisée avec plusieurs instruments et Zero Tolerance for Silence... une guerre pertinente et sans merci au silence et, accessoirement, aux oreilles (pardon, Maître, mais je ne supporte pas ce disque). Bref, dans le registre solo de Metheny, depuis One Night Quiet, et ce choix semble confirmé avec What's It All About, c'est la douceur qui prime. Il faut écouter et récouter cet album, bientôt sorti, et se laisser prendre au fil des notes et des mélodies: une vraie bouffée d'oxygène.
Gilles

11 juin 2011

La poésie musicale d'Ibrahim Maalouf - part 3

On a pas mal écrit et commenté la musique d'Ibrahim Maalouf en spécifiant le Liban. Notre dossier de presse est d'ailleurs à ce propos dans cette ligne très classique: son père, la trompette quarts de tons ... Et puis il y a "Beyrouth", ce morceau qui est presque le tube d'Ibrahim Maalouf et qui fait rêver et emporte les mêmes commentaires, tous élogieux. Il débute longuement à l'instar d'une ballade mélancolique pour finir dans une puissante explosion aux accents rock dont le chorus tonique du guitariste n'est, évidemment, pas étranger.
Le mieux est peut-être de savourer les presque neuf minutes de l’interprétation que le trompettiste et son groupe en ont donné au festival des cinq continents à Marseille. On est nombreux dans l'association à lui préférer la version que le quintet a donnée à Tourcoing en octobre dernier mais on ne fera pas la fine bouche: le morceau est, sous tous les cieux, splendide.
Gilles

réunion du mois de juin: ça grouillait sympathiquement

Première réunion du mois de juin et une des dernières avant les festivités. Dans l'ordre et le sodérder: les kakémonos, les écrans vidéos, les pavés publicitaires, l'affiche 2012 (et oui! Pas d'erreur de frappe, c'est bien 2012), le nombre de places vendues, les contrats du off, la répartition des tâches entre nous (bénévoles), les repas des techniciens, des musiciens, les allers-retours à Toulouse, à Bordeaux, à Brive. Des discussions passionnées, des gens qui se lèvent, qui débattent, qui discutent. Ouf! On approche de l'été et des concerts. Il était près de une heure du matin quand la réunion fut terminée.

10 juin 2011

Les copains d'abord

Hervé Valentin, Denis Thiérion et Sylvain Mongrand: trois prénoms et noms qui sonnent agréablement à nos oreilles souillagaises. Respectivement trompettiste, contrebassiste et guitariste, ils forment le trio La Lanterne Sourde que nous avons accueilli l'an dernier. Ils sont nombreux les musiciens du off avec lesquels nous avons noué des contacts qui vont bien au-delà de la musique. On citait, il y a peu de temps, Rémi Leclerc et il faudrait ajouter Christian Toucas, Nicolas Bardinet, Alain Barrabès, Fred Lasnier, Stéphane Gratteau, Jean-Pierre Kuntz, Bruno Decerle et bien d'autres encore.
Avec eux, on sait que des liens de sympathie et d'amitié existent. Il faut dire que, au moment du festival, les innombrables tâches, le stress, le manque de sommeil contribuent à une euphorie exceptionnelle: réussir une semaine de festival sans être professionnel de l'événementiel n'est, en effet, pas chose ordinaire...
Mais je m'égare. Hier, en fin d'après-midi donc, la Lanterne Sourde se produisait pour un apéro sur la terrasse, au demeurant fort accueillante, du Mandala. Sous le ciel pourtant voilé, nous étions, en manches courtes, savourant le répertoire du trio: très largement dominé par Chet Baker et Philip Catherine mais aussi Miles Davis, Horace Silver et, en guise d’antépénultième morceau, "Tango for Vasquez y Pepito" d'Enrico Rava... Rava qui était, lui aussi, à Souillac l'an dernier.
Sous la vigne vierge de la terrasse du club toulousain et au rythme de la danse de la serveuse, je revivais un peu Souillac 2010 et anticipais l'édition à venir. Car la Lanterne Sourde inaugurera "Le Jazz dans la Vallée", une nouvelle formule, en amont du festival, que nous aurons très certainement l'occasion de présenter ici.
Gilles