30 mai 2011

Le jour où …



La vie de Marie-Thérèse qui bifurqua quand sa passion pour le jazz prit une forme excessive (2008), Souffler n’est pas jouer (2000), deux romans qui ont mis Michel Boujut et Souillac en Jazz sur la voie de la rencontre. Le fondateur animateur de l’émission « Cinéma cinéma » glissa du métier de critique, celui qui écrit sur ce que les autres créent, à celui d’écrivain. Avec un grande liberté, une grande rigueur, une grande culture et un grand humour. Invité en juillet 2008 à parler de son œuvre d’écrivain de jazz-en-polars, Michel Boujut revint l’été suivant animer la soirée cinéma.
Il avait choisi le film de Bertrand Tavernier Autour de minuit et régala le public de sa connaissance du jazz, du cinéma et de la vie tumultueuse de Dexter Gordon. Des moments de partage avec les bénévoles, nous nous souvenons tous avec émotion. Dans le cloître de l’abbaye, il a partagé nos discussions, nos interrogations, il a discuté de pied ferme pendant « le repas des bénévoles » ; place Pierre Betz, il était là lors de l’incroyable concert donné par Charles Lloyd, séduit et ému. Michel Boujut le raconteur savait tisser le jazz dans les intrigues policières et nouer les fils de sa passion pour le cinéma pour notre plus grand plaisir. Son prochain roman, Le jour où Gary Cooper est mort, sort la semaine prochaine.

Marie-Françoise

Hommage sur France Culture
http://www.franceculture.com/emission-tout-feu-tout-flamme-hommage-a-michel-boujut-2011-05-30.html

27 mai 2011

Pulcinella, quatre jongleurs de jazz

Pulcinella: l’intitulé est déjà tout un programme. D’ailleurs le quartet toulousain revendique haut et fort une patte de saltimbanque. Que trois d’entre eux, Ferdinand Doumerc, Florian Demonsant et Jean-Marc Serpin adoptent quelquefois des postures volontairement bouffonnes y contribuent. Mais, fort heureusement, ce n’est pas ceci qui explique cela. Ça tient avant tout à la musique qu’ils proposent. Et c’est là que commencent les difficultés… Comment en effet décrire l’univers musical de Pulcinella? Peut-être en avançant la figure de Ferdinand Doumerc, saxophoniste qui occupe le milieu de la scène et fait office de proue, ses instruments, avec lui, en évidence? Peut-être faut-il aussi revenir au cirque à propos duquel ils écrivent qu’ils en sont "des musiciens, [...] privés de chapiteau, [qui] décident de faire entendre leur cirque sans les quilles, les ours et les cerceaux!"? Et c’est bien là le point d’achoppement: un cirque sans lion? Sans clown? Sans équilibriste? Et… sans chapiteau?! En fait, c’est sous la forme de la suggestion qu’ils réussissent brillamment ce pont entre les arts. La musique est bariolée, populaire, colorée, narrative. Elle est suffisamment dansante pour que nous respirions avec eux et suffisamment étonnante pour que cette respiration soit haletante. Pas de pas de danse donc mais on est à deux doigts. La suggestion est également stylistique ou, mieux encore et bien que le terme ne me plaise guère, culturelle: elle est tango mais n’y ressemble pas; elle est rock sans en être. Elle suggère ces univers en en mélangeant des bribes. Tout est fait de touches mélodiques, rythmiques, d’éléments latents, de discrètes phrases et de sons qui rappellent l’un et qui, l’instant d’après, évoquent l’autre. Un cirque sans clown donc car loin de moi l’idée de joyeux drilles; un cirque également sans lion bien que les instruments puissent rugir. En revanche, c’est un cirque avec quatre équilibristes et, sur le fil de l’accordéon de Florian Demonsant, tournent et retournent les saxs de Ferdinand Doumerc, la contrebasse de Jean-Marc Serpin ainsi que la batterie de Frédéric Cavallin. Plus discret, car assis à l’arrière de la scène et masqué par son instrument, le batteur initia, au vibraphone et en fin de concert, un très envoûtant «Morphée», pour tirer le rideau de la Dynamo. Sur cette dernière note, on les imaginait se débarrassant d’un maquillage inexistant, à l’instar des professionnels qu’ils sont.

Gilles

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23 mai 2011

L'intelligence délirante d'un trio pas comme les autres

La Compagnie Trio d'en Bas assume totalement de mal porter son nom. C'est que, plus qu'un nom, il s'agit d'une posture aux accents revendicatifs, humoristiques, délirants, spectaculaires et musicaux. Le parallèle avec Bernard Lubat (qu'ils citent) est particulièrement révélateur. Mais c'est du Trio d'en Bas qu'il s'agit ici et il serait malvenu de réduire ce trio à la figure, sûrement tutélaire, qu'est Lubat. Car, si leur prestation est dans cette veine, le rappel insistant du musicien d'Uzeste pourrait laisser croire que ce Trio en est une copie, forcément pâlichonne. Il faut, au contraire, louer ce trio pour ce qu'il fait: une musique éclectique, délirante, sensible, écrite avec beaucoup de justesse. Il faut également souligner la présence scénique, ô combien courageuse, des musiciens et, particulièrement d'Arnaud Rouanet, sûrement le plus spectaculaire mais, en même temps, le seul que ses instruments permettent de se produire debout. On passe, tout naturellement, d'une musique, presque introspective et sollicitant la concentration des spectateurs, dont le morceau "d'en Frisell" (il faut, à cet égard, souligner l'intelligence avec laquelle elle rappelle le compositeur et guitariste du même nom) est emblématique, à une musique complètement délirante, chanson d'amour à deux balles, Arnaud Rouanet ayant troqué ses divers instruments pour un micro qu'il balade dans la salle, à ce moment, hilare. Et, entre ces deux moments, c'est un continuum dans lequel l'imagination explosive et sensible du trio explore et nous donne à explorer: une valse de Strauss, un saxophone torturé dans "Les jardins de la mémoire", un morceau beaucoup plus emporté tel que "Un tour de chien jaune". Bref... on pourrait, sans aucune difficulté, dresser une liste exhaustive de leur tour de force et on vous conseillera, dans un premier temps, de visiter leur site qui donne une idée de ce foisonnement. Mais, plus encore, il faut urgemment aller voir ce trio en concert et, très certainement, le revoir et le revoir. Il faut également marquer d'une croix indélébile que, en décembre prochain, il enregistreront un album. Il faut, enfin et afin que cet éloge soit complet, citer chacun d'eux: Arnaud Rouanet (sax, voix et instruments divers), Samuel Bourille (claviers et voix), Yoann Scheidt (batterie, vois et trombone) et Isabelle Picard (leur agent qui nous fait découvrir un paquet de formations systématiquement de très grande qualité). Bravo à eux!
Enfin pour illustrer ce propos, il m'a semblé judicieux de reprendre un extrait de texte et sa mise en page produit par ce trio.
Gilles

Ensemble, refusons le dictat médiatique aux slogans injurieux tels:
"Une musique d’en bas pour la France d’en bas",
… pour que ceux d'en bas soient encore plus bas.
"Une musique d’en haut pour la France d’en haut",
… pour rester entre amis. Ainsi,
afin de mettre un terme à cette trop célèbre fracture artistico-sociale,
il nous faut une musique,
comprenez-vous,
qui partirait du haut pour atteindre,
par la suite,
le bas.
Donc une musique de qualité.
OUI!
Ayez confiance dans la Cie Trio d'en bas,
"Une musique d'en haut pour la France d'en bas".

22 mai 2011

La Chapelle Aujazz près de Souillac

L'Association de l'église Saint Nicolas propose Vendredi 27 mai 2011 à 21h le Jazzpot’ trio dans l’église de Lachapelle Auzac Haute face au foyer rural.

entrée 10€ (participation qui servira également à la restauration de l'église)

JAZZPOT' vous fera découvrir une musique "panachée d'éclectisme" autour des grands standards, déclinant à l'infini son répertoire swing, pop, soul et latin jazz et fêtera la sortie de son tout nouvel album, déjà disponible sur son site : http:///www.tolymusic.com

K&O Bréchenade 06 79 24 09 16 contact@tolymusic.com

20 mai 2011

Le jazz et Rikers Island

Nous avions invité en 2008, pour une table ronde autour du jazz et de la littérature, Pierre Briançon, pour son livre San Quentin Jazz Band, qui relatait la vie du Big Band de la prison de San Quentin en Californie. Ryker Island, dont les media parlent abondamment depuis l'incarcération de Dominique Strauss-Kahn, a, elle aussi, à voir avec le jazz.

Quelques repères:
En 1963, « Sounds From Rikers Island » album enregistré par d’anciens pensionnaires nommés Elmo Hope, John Gilmore, Ronnie Boykins, Philly Joe Jones…
En 1955, Miles Davis arrêté et emprisonné à Rykers Island pour ne pas avoir payé la pension alimentaire d'un enfant. C'est depuis sa cellule qu'il apprend la mort de Charlie Parker.
Ci-dessous Dexter Gordon le 1er juillet 1980 dans la même prison où il jouait pour les prisonniers (la musique de jazz aide à s'évader ...).

17 mai 2011

Les Pères Peinards dans l'Eglise de Lanzac


Les Pères Peinards c’est toute l’énergie, la convivialité et l’émotion du Jazz manouche par d’authentiques passionnés !
Les Pères Peinards sont nés en 2008 dans les Landes et le sud Gironde de la rencontre de 4 musiciens professionnels mordus de jazz manouche et de Django Reinhardt.
En plus des grands classiques du jazz manouche, le répertoire des Pères Peinards met à l’honneur de nombreuses réadaptations de morceaux dans le style manouche : Brassens, Piaf, Trénet, Gainsbourg, Salvador et quelques compositions personnelles.
Les Pères Peinards vous présentent leur nouveau spectacle en quintet autour des solistes Gaetan Larrue, Eric Delsaux, Geoffroy Boizard et Marius Turjanski avec des incursions toujours plus nombreuses dans la musique de film et la chanson !!!
2011 sera aussi l’année de la sortie du premier album des Pères Peinards avec des enregistrements live, studio et des compositions originales du groupe.
Il y est question des Landes, de la musique de Django, du bon vivre et du partage !

Rendez-vous Vendredi 20 mai 2011 à 21h dans l'Eglise de Lanzac non loin de Souillac, le concert est organisé par l'Association des Amis du Clocher de Lanzac. C'est gratuit avec participation libre pour la restauration du clocher.

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15 mai 2011

Francesco Bearzatti rend un vibrant hommage à Tina Modotti

Nous revoyons avec grand plaisir un concert que nous avions vu (et commenté) dans le cadre de "Jazz sur son 31" autour de Francesco Bearzatti. Juste un petit clic sur l'image et hop, c'est parti.

09 mai 2011

The Body Sound par Rémi Leclerc

Rémi Leclerc qui a, avec le festival, une longue histoire amicale et musicale est maintenant relativement bien implanté sur la scène toulousaine. On a eu l'occasion de le voir dans différentes formations, chaque fois, surprenantes. Ce fut le cas avec La Tarentule, avec Stabat Akish (qui est programmé dans le cadre de Rio Loco et qu'on vous pousse à aller écouter) ou encore dans le trio de Cyril Amourette. Bref, vous l'avez très certainement compris, on aime beaucoup ce qu'il fait. Il oeuvre également au sein de Human Player (que nous n'avons pas eu encore l'occasion de voir sur scène) mais que nous avons déjà entendu.
Ce week-end, Rémi anime un stage de percussions corporelles, ce qui n'est pas sans lien avec Human Player (tant la formation que son intitulé). On relaie avec ici avec grand plaisir le préambule et le programme.
Gilles

Le corps humain est surement l'instrument de musique le plus ancien!
Faire sonner les cuisses avec les mains, claquer la langue ou les doigts, frapper du pied, tout une gamme de sons permettent de transformer le corps en instrument rythmique. Mobilisant le schéma corporel de façon dynamique et ludique, cette pratique permet d'intégrer les rythmes de façon approfondie et vivante. A la fois pratique artistique, jeu de dynamique de groupe et outil de restructuration de l'image du corps, elle possède un potentiel thérapeutique remarquable.

Contenu de stage:

- Découverte des sons du corps
- Exercices de coordination
- Polyrythmies corporelles & polyphonies
- Favoriser l’écoute et le jeu en groupe
- Jeux d’improvisation collective
- Rondes de chant (circles songs)

Niveau Découverte: samedi 10h-17h
Niveau Initiés: dimanche 10h-17h

Tarif unique: 25 euros

Inscriptions au 06 88 18 86 85 ou magadis2001@yahoo.fr

Prévoir un pique-nique à partager pour le midi

lieu:
La cour des riffs
1 rue Jean Suau
31000 Toulouse

Chez Barbaro

En complément du "off", l'association des amis de l'orgue de l'abbatiale Sainte-Marie organise, chaque année, depuis 4 ans maintenant, un concert gratuit autour de l'orgue. Cette année, c'est le quartet Chez Barbaro qui jouera. Ce quartet, né en 2005, est composé de quatre professeurs de jazz des C.R.D. Corréziens de Brive et Tulle. Le nom du groupe est la juxtaposition des premières syllabes des noms de chaque musiciens: Thierry CHÈZe (saxophones, flûte), Guy BARboutie (guitare), Charles BAlayer (orgue Hammond), Hervé ROblès (batterie). On retiendra, avant de les voir le dimanche qui clôture le festival, que Charles Balayer utilise un orgue Hammond (une pièce rare et l'instrument sur lequel avait joué Baptiste Trotignon dans le quartet de Stefano di Battista en 2008).
Gilles

01 mai 2011

Magali Pietri au Mandala. "No better thing than recover joy"

La joie de retrouver Magali Pietri sur la scène toulousaine: le Mandala était archi plein et, Magali l’a dit, «je vois au moins cinquante amis dans la salle», ça c’était au début, à la fin il y en avait au moins deux cents! Rayonnante dans la longue robe blanche à dentelles décorée de colliers colorés et scintillants, Magali Pietri commence seule, a capella, en anglais. Elle explique qu’elle ne chante qu'en anglais, c’est comme ça. Le troisième morceau, un hommage à Monk, donne toute sa saveur à ce choix. On se croirait dans un club de Harlem (où je ne suis jamais allée, donc merci à Magali Pietri de m’y emmener), ça groove; le thème est ponctué de puissants solos, ça improvise. La chanteuse profite des impros de ses musiciens, elle sourit tout le temps, joie du jazz. Sept morceaux pour le premier set: des compositions inspirées, fraîches, toniques, enthousiasmantes. Le deuxième et le troisième sets sont ceux des impros qui bousculent le thème, l’assouplissent, le tordent, le roulent dans les flots de phrases longues et inspirées. Les trois instrumentistes sont époustouflants. Quand Magali improvise, le temps s’arrête, la force de la voix se glisse dans les interstices des sensations déjà connues, impressions et émotions se ruent dans la brèche. La rythmique est fondatrice, elle libère le chant, on sent une technique impressionnante, libératrice aussi, ouvrant la voie à la voix. Magali sourit, rit, rayonne. Et les claviers, la contrebasse, la batterie ensemble ou en solo délivrent leurs chants personnels et puissants. Le public debout danse. Le troisième set, des reprises, se conclut par un étonnant bœuf, avec la venue sur scène d’un batteur et de chanteuses : un magnifique tango, plein de malices et d’émotion, suivi d’un morceau jazz où se succèdent deux chanteuses jaillies du public, impros encore. Jazz de la joie.

Marie-Françoise

Avec: Magali Pietri: chant; Pierre Bauzerand: claviers; Pierre Pollet: batterie; Tibo Soulas: contrebasse