25 mars 2011

Jamais un coup de dés… le Free du hazard


Sur le plancher de la scène du Mandala, au pied du piano, la bouteille d’eau danse, tressaute et chavire. J’étais au premier rang, j’ai tout vu. Et l’enthousiasme de la salle ne me dément pas; l’énergie, la joie de vivre et de s’amuser ne sont pas passées inaperçues, même dans les recoins les moins hospitaliers du lieu. Sur le coup, j’ai été emportée par le tourbillon de musique et, depuis a émergée une impression nouvelle: ils s’amusent, on s’amuse, jouer de la musique c’est jouer, jeu de hasard? Thibaud Dufoy au piano lance la danse: musique rapide, fraîche, où se mêlent boucles obsédantes et mélodies chantantes. Les complices sont tout de suite là, facétieux Arnaud Domen à la batterie et à la basse Elvin Bironien pince-sans-rire. Le premier set visite les compositions du pianiste, d’une énergie à couper le souffle et se termine sur une rumba qui transporte au Brésil le jazz frénétique et joyeux des trois compères. À la batterie, Arnaud Dolmen, que nous avions applaudi à Souillac avec les Soulshine Voices en 2008, nourrit la danse brésilienne. Le deuxième set commence par une inquiétante introduction à la basse, mais on sait bien qu’ils jouent et on a plaisir à se laisser porter, à rêver, à attendre la phrase gaie et fraîche que finira par apporter le piano. Emportés par leur énergie sans répit, les musiciens nous font partager leur transe: musique ultra rapide, aux phrases répétitives, où les ruptures sont sources d’inspiration nouvelle. Je ne voudrais pas laisser croire que ça dépote. Bien sûr ça dépote mais en finesse et en délicatesse, en imagination et en curiosité se crée une musique de bâtisseurs. Si, comme dit le poète «jamais un coup de dés n’abolira le hasard», les dés sont phrases, rythmes, mélodies qui se répondent, s’enchaînent, s’emboîtent et ce n’est pas dû au hasard.

Marie-Françoise

Arnaud Dolmen batterie, Thibaud Dufoy piano, Elvin Bironien basse

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