31 mars 2011

On parlera de Souillac dans "Jazzez-vous" le 2 avril



Robert Peyrillou, comme chaque mois, sera chroniqueur dans l'émission d'Hubert Bouysse "Jazzez-vous", ce sera la numéro 1146!
Il sera question d'une nouvelle revue "Jazz News", des "Allumés du jazz", du retour de Muziq, de Jazz Live de Samuel Thiebault, de la sortie de CD, des concerts à Brive, Tulle et Limoges ... et de musique bien sûr avec Avishai Cohen en couverture de So Jazz, d'Nguyên Lê en couverture de Jazz Magazine Jazzman mais aussi de Stan Getz à l'occasion de la sortie d'un coffret de 7 CD et de Joe Morello ... mais qui est Morello, c'était celui qui faisait marcher Dave Brubeck à la baguette notamment sur "Blue Rondo à la Turk".
Rendez-vous samedi 2 avril de 14 à 15h sur www.radiopac.fr

26 mars 2011

Tigran au Théâtre Musical de Paris

Le 25 mars 2011.

Le théâtre du Châtelet est assurément l’un des plus beaux de la capitale. Les balcons, la corbeille et l’orchestre sont remplis à leur comble lorsque le jeune pianiste de vingt-trois ans fait son entrée sous des applaudissements nourris. Sans mot dire, il s’assied et règle minutieusement son tabouret. Les doigts s’échauffent, le corps se voûte sur le clavier. Dans la nef de cette cathédrale de silence, Tigran effleure les premières touches. Un son pur, juste et cristallin s’élève en volutes au-dessus du monstre noir de jais à la gueule béante. Le corps ondule de plus amplement, les notes s’accélèrent et la mélodie se construit. Sur son visage se lit ouvertement chaque son, chaque variation de rythme. La fougue de sa jeunesse s’emporte dans une volonté de dompter l’instrument massif. C’est dans cette maîtrise exaltée que Tigran nous joue son nouveau répertoire solo, qu’il accompagne de son timbre mystérieux lorsqu’il chante la poésie arménienne. Tantôt lyrique et envouté, tantôt brutal et passionné, tantôt aérien et embrumé, Tigran nous transporte dans son imaginaire complexe et délicat, entre la campagne venteuse d’Arménie, les torrents impétueux des contreforts du Caucase et les voiles nuageux accrochés au Mont Ararat. Dans ce voyage nous retrouvons le Tigran que nous connaissons, mais nous voulons qu’il nous emmène hors de ses propres frontières, dans l’inconnu et l’imprévisible.



Souhait réalisé, puisque dans la deuxième partie Tigran se lance dans des duos improbables. Il se fait d’abord accompagner du trompettiste Shane Endsley, qui de ses notes contenues pose le lit sur lequel la rivière mélodieuse du piano s’écoule. Il laisse la place à un jeune saxophoniste, Ben Wendel, long et courbé sur son cuivre avec lequel il valse, accompagnant et reproduisant en symbiose les rythmes de Tigran. Le troisième invité à monter sur scène est l’étonnant percussionniste Trilok Gurtu. Lui et Tigran se lancent dans un duo passionné, joueur et espiègle, sur les sonorités exotiques des étranges instruments de Trilok. Un numéro improvisé de beat box tient la salle en haleine pendant de longues minutes. Les deux musiciens se répondent du tac-au-tac et dialoguent passionnément dans cette langue pétaradante faite d’onomatopées et de borborygmes. Leurs jaillissements sonores exubérants finissent par s’unir et se confondre en une symbiose télépathique dans ce monde musical où il n’y a qu’eux pour se comprendre. Le jeune pianiste, qu’on pouvait sentir timide aux premiers abords, se dévoile joueur, complice, taquin. Entre les morceaux il fait quelques plaisanteries, jonglant entre un anglais impeccable et un français certes approximatif mais touchant.
Pour le dernier morceau de son spectacle il invite tous les musiciens sur la scène, que rejoint un batteur (Nate Wood) balayant une caisse claire. Tous les regards se tournent vers Trilok Gurtu. Celui-ci entame le morceau par un voyage dans la fraicheur des cours ombragées des palais arabiques. A l’aide d’une pléiade d’instruments surprenants, notamment une bassine d’eau et un verre, il recrée une ambiance délicatement exotique. Bientôt c’est au tour du piano de se lancer, et peu à peu tous les instruments s’accordent sur Tigran et baignent chacune de ses notes d’une enveloppe rythmée dans un bouquet final. La salle est conquise et rappelle Tigran sur la scène, cette fois pour un morceau plus intime, personnel.
Ce soir, le théâtre du Châtelet aura voyagé bien au-delà des murs de la capitale.

Boris

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25 mars 2011

Jamais un coup de dés… le Free du hazard


Sur le plancher de la scène du Mandala, au pied du piano, la bouteille d’eau danse, tressaute et chavire. J’étais au premier rang, j’ai tout vu. Et l’enthousiasme de la salle ne me dément pas; l’énergie, la joie de vivre et de s’amuser ne sont pas passées inaperçues, même dans les recoins les moins hospitaliers du lieu. Sur le coup, j’ai été emportée par le tourbillon de musique et, depuis a émergée une impression nouvelle: ils s’amusent, on s’amuse, jouer de la musique c’est jouer, jeu de hasard? Thibaud Dufoy au piano lance la danse: musique rapide, fraîche, où se mêlent boucles obsédantes et mélodies chantantes. Les complices sont tout de suite là, facétieux Arnaud Domen à la batterie et à la basse Elvin Bironien pince-sans-rire. Le premier set visite les compositions du pianiste, d’une énergie à couper le souffle et se termine sur une rumba qui transporte au Brésil le jazz frénétique et joyeux des trois compères. À la batterie, Arnaud Dolmen, que nous avions applaudi à Souillac avec les Soulshine Voices en 2008, nourrit la danse brésilienne. Le deuxième set commence par une inquiétante introduction à la basse, mais on sait bien qu’ils jouent et on a plaisir à se laisser porter, à rêver, à attendre la phrase gaie et fraîche que finira par apporter le piano. Emportés par leur énergie sans répit, les musiciens nous font partager leur transe: musique ultra rapide, aux phrases répétitives, où les ruptures sont sources d’inspiration nouvelle. Je ne voudrais pas laisser croire que ça dépote. Bien sûr ça dépote mais en finesse et en délicatesse, en imagination et en curiosité se crée une musique de bâtisseurs. Si, comme dit le poète «jamais un coup de dés n’abolira le hasard», les dés sont phrases, rythmes, mélodies qui se répondent, s’enchaînent, s’emboîtent et ce n’est pas dû au hasard.

Marie-Françoise

Arnaud Dolmen batterie, Thibaud Dufoy piano, Elvin Bironien basse

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21 mars 2011

la poésie musicale d'Ibrahim Maalouf



Ibrahim Maalouf sera cet été à Souillac. Une partie du spectacle qu'il a donné à Tourcoing est diffusée par ARTE Live web pour le plus grand bonheur de ceux qui fréquentent ce site de qualité. La musique est merveilleuse.

19 mars 2011

L'Express Trio de Sylvain del Campo

Avec le trio de Sylvain del Campo, tout filait à toute vitesse dont un "Toulouse Connexion" qu'ils ont joué hier soir au Mandala. Tiens donc? Qu'est-ce qui file comme ça et qui a pu inspirer Sylvain del Campo? Et même lorsque le trio s'est lancé dans un morceau qui pouvait s'apparenter à une ballade, on sent dans le jeu de l'altiste une tonne de tension. Sa musique est nerveuse, syncopée. Le jeu de Laurent Coulondre à l'orgue et celui de Pierre-Alain Tocanier à la batterie, très complices, souvent en osmose, n'y sont pas pour rien. On peut raisonnablement penser que Sylvain del Campo guide le trio dans ce chemin. Tant mieux car cette nervosité est un trait caractéristique de cette formation. La musique n'est pas explosive, peut-être car de manière, ai-je envie de dire, linéairement tonique. Les notes défilent à toute bringue et que Sylvain del Campo ait intitulé un morceau "Zone rouge" est particulièrement révélateur. On était en effet continuellement dans les 4000 ou 5000 tours. Ils envoyèrent ainsi le premier set, comme ils envoyèrent la pause de 15 minutes et comme ils annoncèrent la sortie d'Isotrope, le dernier album du saxophoniste. Mais derrière quoi cette musique court-elle? Derrière une sensation de vitesse? De vertige?
Le second set est exécuté au même tempo: à fond les ballons. On croit volontiers le saxophoniste qui, sur son site, fait référence à Kenny Garrett. Il n'y a pas l'ombre d'un silence dans cette musique sans répit. On sentait le trio à l'aise dans le corps à corps et on situait volontiers l'inspiration entre les cordes d'un ring. Mais c'est Jerry Bergonzi qui fut cité et auquel le trio rendit hommage avec un vrombissant "Theme for Jerry". Les morceaux furent vite enchaînés et quand Sylvain del Campo annonça, "pour adoucir", un morceau intitulé "Au bout du chemin", la douceur fut de courte durée. Ce n'est pas le créneau de ce trio qui joue à un rythme d'enfer. Ils ont clôturé le concert avec une dédicace très personnelle au Maroc intitulée... "Marrakech express"... Nécessairement.
Gilles

13 mars 2011

Ton ton salut jazz unit, miam miam !

La métaphore est facile puisque samedi 12 mars c’est au Rest’o Jazz que le Ton Ton Salut Jazz Unit a commencé sa prestation par deux mises en bouche savoureuses avec un morceau du saxophoniste David Pautric et Tom Thumb de Wayne Shorter. Le concert s’est installé tranquillement, donnant un avant-goût suave et délicat de la suite du festin. Wayne Shorter a été mis à l’honneur toute la soirée par un développement tonique et raffiné de quatre ou cinq compositions lors du deuxième set. Très rapidement les spectateurs ont levé le nez (et la fourchette) de leurs assiettes. Ton Ton Salut a su créer une proximité avec le public: la familiarité est renforcée par le rituel des solos successifs et la surprise par des aléas parfois facétieux. On a senti naître l’échange et la complicité. Alors les solistes David Pautric aux saxophones, Cyril Amourette à la guitare et Nicolas Gardel à la trompette ont pu laisser libre cours à leur talent et à leur imagination, dévoilant des saveurs cachées sous des thèmes déjà fort goûteux, suaves ou relevés, romantiques ou toniques, charmeurs. Le solo de batterie de Ton Ton Salut, puissant, plein d'humour et de virtuosité a été vivement applaudi. Julien Duthu, avec sa contrebasse non sonorisée, a su crever le brouhaha et imposer une écoute attentive. Je salue Ton Ton Salut (d’accord c’est facile) et son quintet qui construisent des concerts passionnants, sans se laisser aller à la facilité et la complaisance tout en créant une intimité avec le public, même dans des conditions difficiles. Je me réjouis d’aller les écouter sur la jolie place de l’église de Pinsac, dans une ambiance villageoise, chaleureuse et festive à laquelle ils apporteront le charme du jazz.
Marie-Françoise

10 mars 2011

La tarentule toulousaine

C'est un all star au moins régional que nous avons vu et entendu à la salle bleue à Toulouse puisque, outre Rémi Leclerc (qui nous avait signalé ce concert) aux claviers, on y trouvait Ferdinand Doumerc aux saxophones, Frédéric Petitprez à la batterie et Maxime Delporte à la basse électrique et à la contrebasse. Ce quartet, intitulé "la Tarentule", était augmenté, à partir du deuxième morceau, de Jérôme Barde.
Ce projet "Gulp" est construit autour du funk et on conçoit aisément l'influence (revendiquée par le groupe) de la musique d'Herbie Hancock (au moins à partir des années "1970") et plus particulièrement la formation "Head Hunter" que Hancock forma en 1973. Le quartet a débuté le concert par un morceau qui donne son titre au projet. Peut-être donc que ce "Gulp", tout droit sorti de la bande dessinée, dixit Ferdinand Doumerc, est programmatique et que, la démarche, volontairement funk, s'accompagne d'une culture BD, voire comics et d'un humour qui leur permet d'intituler un morceau "Venin" ou un autre "Je sais que tu sais que je sais". Mais cet humour n'est pas nécessairement extraordinaire et heureusement qu'il ne parasite pas la musique. Car la Tarentule excelle dans sa musique. Elle nous offre en effet des constructions toniques, groovies, marquées par des successions de phases très caractérisées et de ruptures. Ainsi, au septième morceau, la contrebasse démarrait sur une phrasé répétitif et structurant tandis que les autres musiciens développaient une ambiance qui ferait de temps en temps penser au free. C'est ensuite que Rémi Leclerc et Fernand Doumerc, à l'unisson, nous ramenèrent sur un terrain plus rassurant. Puis, d'une rupture à l'autre, nous nous retrouvions face à un instant mi-punk, mi-métal. C'est à l'image de cette musique qui semble très construite.
Un exemple encore: "Comme en 40", le seul court morceau, déroulé tout en douceur était suivi par un duo batterie-saxophone très syncopé où on ne savait plus qui, du saxophoniste ou du batteur, tenait la rythmique et développait. Jusqu'à ce que tous les musiciens s'engagent, à l'unisson, dans un rif. Chaque musicien amène une touche très personnelle. Ferdinand Doumerc occupe l'espace central et on le sent leader du groupe. Quelquefois trop? Rémi Leclerc, installé derrière trois claviers, est un explorateur de sons. Sa posture est celle d'un aventurier. Et il fallait voir les doigts de Maxime Delporte aller et venir sur le manche de la contrebasse. C'est un groupe brillant même si on pouvait regretter la très grande discrétion de Jérôme Barde.
Gilles

09 mars 2011

Jazzez-vous sur www.radiopac.fr


Robert Peyrillou, chroniqueur une fois par mois dans l'émission d'Hubert Bouysse évoquera samedi 12 mars entre 14 et 15h l'actualité du jazz. Il sera question de Jeanne Added, Laïka, Mahalia Jackson, Youn Sun Nah, Fay Claassen, honneur aux dames! mais aussi du film Jazzmix, de Tigran, Gary Bartz, de Charles Delaunay, des concerts dans la région (Murat Ozturk en illustration sera à Laborie à côté de Limoges le 18 et à Saint Céré dans le nord du Lot le 19) et du livre sur Michel Petrucciani sorti le 4 mars dernier. On écoutera Youn Sun Nah, Michel Petrucciani, Murat Ozturk et Henri Texier.

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