28 février 2008

Création à Souillac, reprise à Paris


Riccardo Del Fra a carte blanche lundi 3 mars à 20h salle Henri Langlois à la Cinémathèque de la Danse à Paris rue de Bercy dans le 12e. Le contrebassiste proposera plusieurs films, et notamment "Chet's Romance", consacré à Chet Baker qu'il accompagna de nombreuses années. Ce sera l'occasion de voir des images de Lucas Belvaux pour lequel Riccardo fait sa B.O depuis 1996. La soirée sera aussi faite de musique et de danse, notamment au côté de la chanteuse Jeanne Added avec qui il créa pour Souillac en Jazz le duo dans les grottes de Lacave en juillet 2006. Il y aura aussi Alain Gerber, Bruno Ruder et beaucoup d'autres invités.

Robert
photos Marc Pivaudran

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26 février 2008

Sur fond blanc

Sur fond blanc, un immense arbre rouge avec, de part et d’autre, en noir, un individu promenant un chien. En haut, à gauche, là où l’œil s’accroche d’abord, en caractères rouges, «hans ulrik» et, juste en-dessous, indissociable, le titre de l’album tribal dance. Le réflexe le plus immédiat m’amène à tourner la pochette pour voir comment le verso répond au recto. Sur fond blanc, les silhouettes noires de trois personnes sont encadrées par deux arbustes rouges. En haut, à droite, les titres des morceaux sont rouges avec, à gauche et à droite, les numéros des pistes et le temps de chacune d’elles… en noir bien sûr. En-dessous, en noir, les noms des musiciens et, en rouge, leurs instruments respectifs. Il est inutile de convoquer la tranche. On devine que tout s’y passera en rouge et noir, sur un fond blanc largement dominant. Blanc comme épure, rouge et noir, végétal et humain, arbre géant et arbustes : opposition, contradiction, complémentarité. Tribal dance est aussi un quartet mené par Hans Ulrik (saxophones soprano et ténor), Jacob Christoffersen (piano), Anders Christensen (basse) et Mikkel Hess (drums of course). Leurs noms, franchement scandinaves, nous rappellent que là-bas, entre Stockholm et Arkhangelsk, des hordes jazzistiques grouillent et deviennent des modèles : Jan Garbarek, e.s.t., Nils Landgren (qui passe en France le 7 novembre) ou encore des Truffaz et Katché qui y sont allés chercher l’inspiration.
Hans Ulrik nous amène, de ballades en néo-bop, sur «Another Planet». Et quelle est donc cette planète où le saxophone prend des airs à la Dave Liebman tandis qu’un classique pbd (piano-bass-drums) mélange Bill Evans, Keith Jarrett et Marc Coplan ? En même temps, c’est presque club par certains moments. Ainsi, ce «Big Dreamer», sonorités rondes et percutantes puis tous les instruments à l’unisson avant que le thème ne soit repris par pbd tandis que Ulrik improvise.
Avant l’overdose, je vous conseille « eggs in the basket ». Attention, pas d’initiative idiote, il s’agit exclusivement de la piste 9. Sur un tempo très lent, quelques volutes de piano, batterie feutrée, basse discrète et ballade saxophonique.
Vous en redemandez ? Aïe, aïe, aïe… Vous êtes accros.
Gilles

21 février 2008

Arcoluz

À propos du trio de Renaud Garcia-Fons avec Kiko Ruiz à la guitare flamenca et Pascal Rollando aux percussions programmé vendredi 8 février dernier à l'auditorium Jean Cayrou de Colomiers.

Ce qui marque dans cette musique (mais le singulier est-il réellement approprié?), c'est l'extrême diversité des influences: l'Orient, l'Espagne, le jazz, la musique classique et, surtout, l'enchevêtrement de toutes ces sources. Ce sont des univers qui se chevauchent mutuellement. La virtuosité est une autre caractéristique de ce trio: dire que Renaud Garcia-Fons est véloce, c'est être encore très en-dessous de la réalité. À l'archet ou en pizzicato, tout va très vite et, quand ses doigts parcourent le manche, on voyage, on s'arrête, on repart. Perfectionniste Renaud Garcia-Fons? Sans aucun doute et la vélocité, la précision, la construction des morceaux s'ajustent aux exigences mélodiques. Ces mêmes mélodies qui nous ont fait voyager de l'Iran à l'Espagne.
Ça faisait un moment que Pierre disait et répétait: "Pourquoi ne programme-t-on pas Renaud Garcia-Fons?". Pourquoi en effet?
Gilles

18 février 2008

tendance été 2008

La bobine du site a changé et, avec elle, l'édito de Robert qui s'intitule "je me suis levé et j'ai joué". On y trouvera en outre la programmation 2008 (miam miam) qui reste l'info la plus importante. Quant aux couleurs, il s'agit tout simplement de celles qui ornent l'affiche 2008. Vous trouverez également la programmation depuis 1976 et les visages des bénévoles (il n'y a pas de salarié) du festival.
En attendant la présentation de ceux qui joueront cette année à Souillac (les textes seront prêts d'ici peu et donc en ligne ensuite), n'hésitez pas à faire un tour sur la vague. Les commentaires sont par ailleurs les bienvenus.
Gilles

12 février 2008

« Soliloque » à trois voix


C’est bien un vrai trio qui était à Tulle le 31 janvier. Il m’a d’ailleurs rappelé le Kühn Jenny-Clark Humair. Il m’a aussi rappelé ceux de Mal Waldron ou de Steve Lacy. Est-ce Jean Jacques Avenel le responsable ? Depuis « Les tortues d’Uzès » qui lui sont chères et que connaissait bien Waldron, j’ai un faible pour toute cette bande avec les Steve Potts, Oliver Johnson qui nous manque, Itaru Oki, Kent Carter, John Betsch …. et même Colette Magny. J’avais rencontré Mal Waldron la première fois en 1985 chez Richard Bréchet où le pianiste vint prendre le dessert avec nous, puis je le retrouvais quelques mois plus tard avec Avenel. L’autre soir, c’est par « As usual » que le D.A.G perfora le public au cœur. La composition de Lacy précédait celles des protagonistes jusqu’à l’hymne Sophia Domancich : « Rêve de singe » qui est une belle signature pour ce trio. Simon Goubert n’est pas un batteur, c’est un musicien qui façonne des sons hors du commun. Il n’accompagne pas, il attise le trio, la musique crépite sans cesse. Chaque instrument est quasiment interchangeable, et les artistes se mettent en 3 pour jouer du trio. Ils sont constamment présents pour un concert sans solo, pour un unique solo de trio. On pénètre avec eux dans leur univers pour un long voyage. On est dans leur musique comme un ballon au milieu de la « Surface de réparation », la musique fait but à chaque fois et le public la hola et lorsque debout, les sièges se relèvent, on reste sous le charme.
Robert

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06 février 2008

Robert Peyrillou sur www.radiopac.fr samedi 9 à 14h

Comme tous les mois Robert Peyrillou évoquera l'actualité avec Hubert Bouysse. Samedi 9 de 14 à 15 heures, il sera question de Jazz et BD, Jazz et spiritualité, de livres, de concerts, de CD, on écoutera Roy Haynes, Barney Wilen, Claude Bolling, Randy Weston & Dar Gnawa from Tanger, tous venus à Souillac d'ailleurs, soyez branchés!

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05 février 2008

Blue Evening

Il y a des musiciens qu'on ne raterait pour rien au monde. Guillaume de Chassy fait partie de mes élus. Et voici que le Triton l'affiche. Il y était vendredi dernier en compagnie de Daniel Yvinek sur Wonderful World, un projet de 2005: piano et contrebasse épurés qui racontent des chansons de la première moitié du XXes., glanées à New York et chantées par de vieux messieurs et vieilles dames rencontrés dans les rues de Broadway, dans Manhattan, dans Washington Square.
En deuxième partie, David Linx s'est joint à eux. Gueule de crooner, voix instrumentale, mimiques, sourires, son timbre est tendre et, sur "Moon River" et "Wonderful World", ils improvisent en rebondissant sur les initiatives de chacun. C'est plein de clins d'oeil et d'humour dans un écrin de délicatesse.
Gilles

03 février 2008

Élégant farceur


…ou espiègle virtuose. Stefano Bollani a charmé une salle Nougaro toulousaine bien remplie mardi dernier. Le concert a débuté avec des airs brésiliens : une musique avant tout mélodique, que les doigts agiles se bousculent sur les touches, qu’ils les effleurent à peine ou que les mains donnent de la puissance d’un son ample et grondant ; suivis d’un voyage en Argentine, où la vitesse à couper le souffle l’a disputé avec l’humour. Technique époustouflante, culture jazz molto éclectique, références classiques tous azimuts, rien de tout cela ne monte à la tête de Stefano Bollani, souriant, plaisantant, nageant avec bonheur dans un univers de musique qu’il ne demande qu’à partager. Il joue une bande sonore d’un film de Moretti, musique que le producteur a abandonnée, musique jazz inventive ; il nous fait rire et l’instant d’après il nous noue les tripes d’émotion avec un air d’un film de Pasolini. Puis voyage dans les standards, musique toujours tonique même lorsqu’elle est nostalgique, musique toujours délicate même lorsqu’elle devient brutale. C’est trop court. Il faudra deux rappels pour une salle debout, heureuse.

Marie-Françoise

01 février 2008

Petit mais costaud

Le Triton a l'avantage d'être une toute petite salle et, par conséquent, d'offrir au public une proximité étroite avec la scène. Elle propose en outre une programmation carrément alléchante, comme en témoigne le trio de Franck Woeste (p) avec Mathieu Charazenc (d) et Darry Hall (cb) qui s'y produisait hier soir.
Mais un jeudi d'hiver, qui plus est légèrement pluvieux (en fait à la fin du concert), ne donnait guère l'envie de pousser jusqu'aux Lilas. On n'était donc pas plus de quinze auxquels il faut ajouter les trois musiciens et un barmaid.
C'est indiscutablement peu mais les absents le regretteront assurément. Car le trio produit une musique tantôt tonique, tantôt douce et tout le temps complexe. La frappe sèche, brusque, rapide de Mathieu Charazenc, pulsion du groupe, déroule une rythmique. Darry Hall, les yeux rivés sur les partitions (c'était sa première participation au trio) en déroule une autre. Sa tête balance qui marque les temps de ces polyrythmies exigeantes. Et puis Franck Woeste, piano acoustique avec un zeste d'électro, structure les thèmes qu'il répète et décline.
Quinze donc dans une ambiance quasi-familiale. Mais, même à quinze, on les a fait revenir.
Gilles