30 décembre 2007

Un homme et une flamme

Quand j’ai lu dans Jazzman de décembre la chronique de Jonathan Duclos-Arkilovitch sur le film de Pierre Barouh «Accordéon», j’ai commandé le DVD aussitôt. Je ne pouvais pas louper ça!
J’y étais dessus j’en étais sûr. C’était en 1991 à Tulle, j’y travaillais à l’époque et un jour de Nuits de Nacre car les nuits à Tulle ont aussi des jours ! je suis allé entre midi et deux comme on dit prendre la température. A cette époque, je faisais encore de la radio et était rédacteur à Jazz Hot, j’avais là du grain à moudre. Je suis tombé sur le Taraf de Haïdouks – je suis sur les images, il ne m’a pas coupé au montage! - le choc fut tel qu’en rentrant le soir je dis à Jacqueline: «On repart à Tulle ce soir», on ne pouvait pas passer à côté de ce que je pressentais comme un événement, le deuxième concert de ces brigands roumains en Europe de l’Ouest. C’est difficilement explicable, ils n’avaient jamais joué avec des micros et n’étaient jamais en face, jamais ils ne s’étaient écouté et leur émotion était belle à voir en se réécoutant avec Yves Desautard de Radio-France. Ils faisaient la manche après le concert alors qu’ils avaient un cachet, ils pêchaient dans la Corrèze avec les cordes du cymbalum, et ils jouaient du matin au soir en marchant ….J’ai fait la connaissance de Pierre Barouh grâce à Richard Galliano le directeur artistique et nous sympathisons puisque je le ramenais à la gare de Brive et y avons passé un long moment au milieu de la nuit à attendre le train de Paris à parler de Saravah, de l’Art Ensemble of Chicago, du Japon. L’année suivante il revenait à Tulle où je l’invitais à intervenir auprès d’un groupe de jeunes pour parler des métiers du spectacle. C’est un film d’amateur au vrai sens du mot. Barouh, il aime, c’est un poète, quelqu’un de disponible, un passionné, un passionnant, il montre la vie, c’est un conteur sans mots pour ce film mais des mots il en a quand il veut et quels mots, ceux qui font des ronds dans l’eau, ceux qui vont à bicyclette, ceux qui font chabadabada. Dans « Accordéon » il sait « choper » les moments d’émotion comme quand Claude Nougaro chante et dessine à la Taverne du Théâtre. Ce soir-là, j’avais raccompagné Claude à son hôtel avec Hélène et Maurice. Tous les 3 on se connaissait déjà, Maurice Vander était venu à Souillac et Claude je l’avais eu à mon micro quelques années auparavant. On croise au fur et à mesure des images, Daniel Mille sur qui j’avais dit quelques mots dans Jazz Hot, qu’il reprit ensuite pour sa communication, Gianni Coscia un gentleman, Marcel Azzola un maître, Yosuhiro Kobayashi, l’accordéon n’a pas de frontière... Merci à Jean Louis Delage l’artisan de ces rencontres, il a écrit quelques belles pages de musique à Tulle.
Robert Peyrillou

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