17 octobre 2007

Bojan Z trio invite Enrico Rava, conversations en multisessions


Samedi 13 octobre, Automne Club, Toulouse
Piano : Bojan Zulfikarpasic ; contrebasse : Rémi Vignolo ; batterie : Martijn Vink ; trompette : Enrico Rava ; trombone : Gianluca Petrella

L’Automne club est un chapiteau Magic Mirrors, chaleureux, lumineux, avec un petit côté club.
MF : Je suis vraiment contente de les entendre tous les deux, ils sont venus à Souillac, Bojan plusieurs fois. Et c’est une nouvelle formule.
J : Tu connais Xenophonia ? C’est une autre voie que Bojan ouvre, une autre musique, avec la rencontre Vignolo-Hoenig.
Commence le concert : trois bons quarts d’heure pour le trio piano basse batterie, ½ heure pour le duo trompette trombone, ½ heure pour le regroupement des deux formations qui jouera en fait plus d’une heure !
J : Le premier set est enthousiasmant. Bojan est installé derrière ses trois claviers : un piano acoustique, un synthé et un Rhodes bojanisé. Comme lorsque je l’avais vu à Bruxelles au printemps mais le trio n’était pas non plus au complet puisque Rémi Vignolo était remplacé par Darryl Hall.
MF : Tu n’avais donc pas pu voir l’incroyable connivence, coïncidence entre le pianiste et le contrebassiste ?
J : Non, pas en live. Ici, ils sont en plus servis par l’acoustique remarquable de la boîte en bois qu’est cette salle !
MF : Et puis ils sont surprenants ; la recherche de sonorités de Bojan ouvre des possibles, provoque des rencontres sonores sans jamais heurter. Il explore maintenant le rock, le blues, l’électrique et on ne retrouve plus son inspiration des Balkans. Mais c’est tellement riche ! C’est une musique compliquée.
J : oui mais en même temps facile, en accès direct notamment grâce au comportement des musiciens, à leur générosité, à leur envie de partage.
MF : ils laissent la place à Enrico Rava et sa trompette et à Gianluca Petrella et son trombone. À Souillac j’avais été fascinée par le son de la trompette de Rava. Et c’est toujours aussi parfait, une justesse impeccable. Quant à Petrella, il nous en met plein les yeux et les oreilles et sa recherche de sons est ébouriffante. Son bras s’étend et étire la coulisse jusqu’à des longueurs insoupçonnées. Virtuose !
J : Je suis d’accord pour dire que Petrella se place là où on ne l’attend pas : on est parfois surpris d’entendre de tels sons sortir d’un trombone. Pour ma part, je n’ai pas été complètement emballée mais c’est juste une question de goût. En tout cas, les deux compères marquent un changement radical de ton, d’ambiance, de musique. La rencontre entre deux faces de l’Italie, celle du maestro serein, posé, qui dispose de tout son temps pour montrer tout son art et celle du jeune fougueux, démonstratif qui ne se lasse pas d’explorer.
MF : Et la troisième demi heure dure plus d’une heure. Ils sont tellement contents de jouer et de jouer ensemble, on a l’impression qu’ils ne pourront pas s’arrêter.
J : Et qu’ils s’amusent ! Ils sont tout le temps tous ensemble, les chorus ne sont pas des solos. Chacun y va de sa touche discrète pour valoriser l’éblouissante performance de l’autre. Effectivement, ça pourrait encore durer et on ne s’y opposerait pas !
MF : Et le rappel ! Bojan lance quelques mesures de blues et …
J : et c’est à un bœuf qu’on a droit ! pas très mélancolique comme blues ! des impros virtuoses où chaque musicien donne le meilleur de sa musique. Impossible de résister à leurs musiques, à leurs jeux, à leur plaisir que nous partageons sans retenue.

Juliette et Marie-Françoise

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