26 août 2007

Deux fois trois


La guerre de trios n’aura pas lieu. Pourtant qu’y a-t-il de plus différents que 2 trios, que 3 trios, … même si les leaders sont batteurs.
Christian Vander était à Treignac, un Kind of Blue coltranien à Kind of Belou corrézien. Il était là avec sa nouvelle Gretsch jaune, à sa mesure, avec lui ses faire-valoir les Emmanuels, Borghi au piano et Grimonprez à la basse. En cette année anniversaire de la disparition de John Coltrane, son hommage continuel prenait toute sa mesure. Vander a mis le grand développement pour parcourir le dernier maître. Son « My favorite things » en rappel a su clore un concert mené tambours battants, et sans broncher. Mais pourquoi ne laisse t’il pas ses compagnons lui exprimer leur passion partagée pour Saint John. Borghi est un magnifique pianiste qui, avec le contrebassiste semble malheureusement accompagner le batteur, mais « c’est Vander » comme le disait mon voisin de devant qui le connaissait bien !.
Autre trio, pas plus bavard que le premier, celui réuni par Toma Gouband à Archignac en Dordogne. Ce soir-là : Nelson Veras est à la guitare et Brice Soniano à la contrebasse, l’inséparable du percussionniste. Si Vander frappe, Gouband caresse. On est plus proche du bol tibétain que de la grosse caisse de 18 pouces. Avec ce trio, on est dans le silence imposé cycliquement par le bassiste, on est dans le minimalisme, dans la douceur, la plénitude de l’église du village. Cette formule concluait un festival périgourdin commencé par 4 chemins avec le pianiste Harmen Fraanje, poursuivi avec le saxophone onctueux de Tobias Delius. « Someday my prince will come » semblait penser Eve en riant sur cette valse extraite de Blanche Neige et les 7 nains, jouée en son temps par Coltrane (encore lui) avec Miles en 1961, le saxophoniste y prend un solo époustouflant après celui d’Hank Mobley. Le trio s’est promené de jazz en classique, de musique contemporaine en climat à la Gouband. Ce dernier travaille la cymbale à l’archet et le public au cœur. Au retour, les chevrillards ne traversent plus sans regarder et c’est tant mieux.

Robert Peyrillou


Photo: Gérard Damès

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