22 juillet 2006

Cinq garçons dans le vent












« Parlez des émotions, c’est tout ce qui compte. » nous conseille Louis Sclavis...
Que sont les mots quand il ne s’agit pas de raconter mais d’évoquer, de recréer l’émotion ? Celle, celles provoquées et nourries par une prestation sans entracte, flot continu de musique. Ou plutôt de musiques, suggestions ininterrompues qui multiplient les changements de directions, comme des lacets, cascades et remous qui se succèdent. La recherche pour briser les conventions est active, animée par l’improvisation tout en nous laissant des accroches par des lignes mélodiques. L’improvisation est bien ici l’élément moteur de la création puisque à la question « Qu’allez-vous jouer ce soir ? », Louis Sclavis comme Bojan Z répondent qu’ils n’en savent rien : « Ça se fera sur scène». Le groupe invite donc le public à vivre leur voyage en simultané, en direct ; c’est ainsi que le live devient unique et nécessaire.
Tout au long du concert, les émotions qui naissent des phrases envoûtantes, surprenantes, frappantes de Michel Portal sont soutenues par l’ensemble des musiciens du quintet. Michel Portal qui initie, provoque, suggère, écoute, sourit, tend la main, répond, qui sait où tout cela mènera, en fin de compte. Les musiciens acceptent le défi avec délectation et la contrebasse devient instrument mélodique quand Bruno Chevillon introduit un morceau en plaçant le thème. Éric Échampard à la batterie assume lui toujours le rythme et, disponible et inventif, puissant, il sait rester discret... au bon moment ! Quant à Louis Sclavis, il fait encore une fois preuve d’une technique irréprochable au service de l’improvisation et son chorus long et puissant dans le morceau de rappel nous coupe le souffle. Le piano de Bojan Z, parfois purement rythmique ou simple accompagnement, est là, et c’est avec un immense plaisir que nous retrouvons les histoires qu’il nous a racontées, mélodies construites sur sa culture personnelle et qu’il développe à nouveau. Les mêmes mais pourtant nouvelles, dont nous ne nous lassons pas, surtout que cette musique ne s’arrête pas.
Si les musiciens ne savaient pas où ils allaient avant de monter sur scène, ils nous ont bien menés quelque part : l’inspiration est venue, comme d’elle-même, sans qu’ils aient à la susciter. Sans obstacles.

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